Tu l'as bien senti, Corail, qu'à chaque fois tu te mettais à parler de sa disparition à Canine, ça le mettait à cran, ça venait créer de la tension entre vous deux au point d'imposer un silence bien trop pesant à ton goût. Lui, il voudrait que tu passes à autre chose, il aimerait que ça reste derrière vous et que tu cesses d'en parler, d'y penser, il aimerait que tu sois aussi à l'aise que tu l'étais avant, tu as bien compris que pour lui, tout ça n'avait jamais existé mais pour toi c'est différent. Toi, tu ne peux pas passer à autre chose, non, toi, tu as besoin de comprendre.
Alors, tu as fais ce que tu fais rarement, aujourd'hui, tu as faussé compagnie à Eziss, tu es partie seule sans l'avoir là, juste à côté de toi, tu as momentanément casser ce duo auquel tous ici sont habitués parce que l'un ne va pas jamais sans l'autre, du moins, d'habitude. Tu sais que les rumeurs vont bon train, tu sais que certains parlent de disparitions inquiétantes en ville et si jusqu'à présent tu as toujours eu d'autres chats à fouetter, tu as décidé de creuser, de questionner, tu as cet espoir que quelqu'un finira par te dire quelque chose, que tu pourras trouver, te rassurer et recommencer à dormir normalement.
Tu longes la rue, cela fait déjà deux heures que tu vas et viens, et tu ne laisses personne passer, Corail, n'importe qui croisant ton regard à le droit de te voir approcher, de t'entendre poser des questions sur les disparitions, les disparus …
☽ Si j'étais toi, j'éviterai de trop me renseigner, sa voix te surprend et quand tu te retournes, il t'adresse un sourire peiné.
Tu l'observes un instant, son visage t'est familier (56) mais tu ne parviens pas à te rappeler où tu as déjà vu cet homme. Grand, son visage encapuchonné juste assez pour que tu puisses quand même le distinguer, il est drapé de noir.
☽ Je ne dis pas cela pour me moquer de toi, il t'assure prudemment.
...
Les réponses ne viennent pas. On ne sait pas, on ne sait pas trop. On hausse simplement les épaules, on détourne simplement le regard et plus les visages défilent, plus les regards se font fuyants, plus ton estomac se tord déformant ton visage d'une grimace désagréable. Personne ne sait, ou alors, personne ne veut rien savoir ce qui ne serait que peu étonnant, ici bas, les gens ont déjà bien assez de soucis pour en accumuler d'autres volontairement, même s'ils ont des réponses, ils ne prennent pas le risque de te les donner.
Tu souffles, Corail, alors que cette pauvre dame bien trop maigre se détourne de toi comme tous les autres, quand cette voix pourtant résonne dans ton dos, l'espoir d'obtenir quelque chose revient, et ce malgré ses paroles.
☽ Tu as beaucoup à perdre, il te met en garde, son sourire s'est effacé. As-tu tant besoin de réponses que ça ?
...
Tu l'observes, Corail. Étrangement silencieuse pendant un tout petit moment, ce qui ne te ressemble pas tant que ça, tu gardes les yeux posés sur cet homme, tentant désespérément de savoir où tu as pu le voir, ou même le croiser. C'est forcément par ici, dans cette Ville, mais tu ne parviens pas à remettre son visage familier sur un contexte et ça t'agace, même si tu parviens à garder ça pour toi.
Il se mêle de tes affaires, et tu ne sais pas pourquoi mais soudainement, tu te dis que s'il s'intéresse aux questions que tu poses un peu partout autour de toi, c'est forcément qu'il doit savoir quelque chose, mieux, s'il te dit d'arrêter, c'est qu'il sait, ou que tu le déranges. Mais on ne fait pas plus têtue et plus bornée que toi, Corail, si ce n'est Canine, évidemment, alors il est hors de question que tu fasses machine arrière rien que parce qu'on te le demandes.
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