Poisonous
@PNJ | clinique, bains | 15.10
Le dernier patient quitte ton bureau, boitant de sa jambe blessée. Une terrible histoire de chute dans les escaliers et d’entorse. La rumeur dit qu’il n’est pas tombé tout seul. La rumeur dit qu’il a été poussé. Toi, tu entends les rumeurs. Mais tu ne les écoutes pas. Tu en prends connaissance parce que c’est toujours utile ici, aux Bains, de savoir ce qu’il se dit sur qui. Ce qu’il se dit sur soi. Tu n’es simplement pas le genre à te conforter dans les gossips.
Il n’y a plus personne dans la salle d’attente. Même les infirmier.es ne sont plus là. Sans doute que d'autres viendront les remplacer pour la nuit. Les Bains ne dorment jamais. Toi non plus en vérité. C’est simplement que tu t’arrêtes de travailler pour te concentrer plus concrètement sur certains aspects de tes expériences. De tes recherches.
Tu t’affaires à ranger ton cabinet. Tu n’aimes pas le désordre. Tu as besoin que tout soit à sa place. C’est important pour s’y retrouver. C’est important pour ne pas faire d’erreur. Chaque objet est minutieusement rangé à la place qui lui est dédiée. Place qui a été étudiée pour correspondre le plus possible à une certaine logique. Peut-être que tu en fais trop. Peut-être que tu ne peux pas t’en empêcher. Peut-être que tu devrais t’étudier.
☽ Myosotis, viens ici.
Sa voix t'apparaît moins enjouée qu'à l'habitude, et il te semble qu'il vient de taper du pied de mécontentement. Tu vas clairement passer un bon quart d'heure, tu penses.
Poisonous
@Romeo | clinique, bains | 15.10
Malgré les bruits métalliques de tes outils de travail que tu es en train de ranger, ou celui de tes pensées, tu l’entends arriver. Tu suis le son de chacun de ses pas dans le couloir. Et puis le grincement de la porte. Tu n’as pas besoin de voir pour savoir. C’est Romeo. Bien évidemment. Qui d’autre ? Alors forcément, quand tu te retournes, tu n’es pas spécialement surpris.
Tu n’es pas non plus surpris par le ton qu’il emploie. Ça arrive. Pour autant, on ne peut pas dire que tu sois particulièrement rassuré. C’est peut-être même tout le contraire. Tu approches parce qu’il le demande, sans réfléchir. Tu laisses en plan tout ce que tu es en train de faire. Parce que c’est ton mécène. Parce que ses désirs sont des ordres. Parce que tu es un pantin. Surtout, parce que tu n’as pas tellement envie de le mettre en colère. Pas alors qu’il a déjà l’air assez agacé comme ça. Tu ne sais pas ce que tu as fait de mal et ton cerveau carbure à essayer de comprendre. Tu le sauras bien assez tôt, tu imagines.
Alors simplement, tu approches en silence.
☽ Dès aujourd'hui, on tiendra un registre des entrées et sorties à la clinique. Apparemment on commence à nous accuser, à m'accuser, moi pour les disparitions. Evidemment c'est scandaleux.
Ah, tu comprends vite que Romeo est d'humeur à rendre absolument tout dramatique et que la soirée va être longue.
Poisonous
@Romeo | clinique, bains | 15.10
Tu croises les bras, appuyé contre le mur derrière toi. Vraiment, on ne peut jamais être tranquille aux Bains. Tu sais que les gens ont besoin d’un coupable, d’un bouc-émissaire. Et tu sais aussi que Romeo a le profil parfait pour. Tu n’es pas particulièrement étonné. Ça se voit sans doute, en tout cas tu ne fais pas semblant de l’être. Tu ne lui ferais pas l’affront de lui mentir.
« Je vais mettre ça en place rapidement. »
Rapidement comme juste après votre discussion. Rapidement comme le plus vite possible. Tu penses à tes collègues que tu devras sans doute briefer. Même si, en soi, ce n’est que noter des noms dans un carnet, tu préfères ne pas jouer avec le feu. Plus tu fais attention, plus tu es préparé, et moins il y aura de problèmes. Et donc moins de risques de mettre ton mécène en colère.
« Tu sais comment ils sont. Rien ne les intéresse plus que les potins. Ils répètent et croient ce que le premier venu vient leur raconter. Et j’imagine que tout le monde n’est pas fan de la clinique. » Ou de toi, tu te retiens d’ajouter. « Mais ça passera. Ça passe toujours. J’y veillerai. »
Quitte à demander des faveurs. Quitte à proposer des services. Quitte à créer de nouvelles rumeurs, à accuser quelqu’un d’autre. N’importe qui d’autre. Toi seul, on ne t’écoutera sans doute pas. Mais tu connais du monde. Surtout, tu ne laisseras pas ça atteindre Romeo.
☽ Bien, je savais que je pouvais compter sur toi, Myosotis.
La façon dont il change toujours du tout au tout t'étonnera toujours. Mais tu te méfie, tu sais que le feu peut reprendre au moindre mot mal choisi. Il baisse le ton.
☽ Pour ce qui est de tes... Nos travaux, nous n'aurons qu'à les noter morts. Ils ne manqueront à personne.
Cherche-t-il à vous laisser un peu de marge de manœuvre ou à te tendre un piège ?
Poisonous
@Romeo | clinique, bains | 15.10
Parfois, tu te demandes si Romeo te fait véritablement confiance. Si le jour viendra où tu n’auras plus cette affreuse impression qu’il te test. Que tout ce que tu dis et tout ce que tu fais est analysé. Tu te demandes si le jour viendra où il verra, enfin, ta loyauté totale et sans faille. Peut-être que non. Probablement que non. Sans doute passeras-tu le restant de tes jours à marcher sur des œufs à ses côtés. Et, tu le sais, ta fin pourrait arriver rapidement. N’importe quand. Juste parce qu’il en a envie.
« Toujours. » Tu réponds simplement, sérieusement.
Tes doigts tapotent ton bras plus par habitude que par véritable nervosité. Tu n’es jamais complètement à l’aise avec lui. Tu es surtout accoutumé à ce stress. Ça fait partie de toi. De ta vie. C’est ce que tu es désormais. C’est peut-être grâce à ça que tu excelles dans ce que tu fais. Ou bien peut-être que c’est progressivement en train de te tuer. Qui sait.
Tu acquiesces sagement à ses paroles. Tu acquiesces toujours à ses paroles. Que tu sois d’accord, ou non.
« Bien. Je m’occuperai de ça aussi. Tant que je ne mets pas tout à la même date, je pense que ça ira. »
Tu penses à ce gamin de la Ville. Celui qui t’a agressé aux Premiers Pas. Celui qui t’a accusé de meurtres. Des meurtres que tu as complètement nié, évidemment. Et tu en viens à te demander à qui ce garçon à parler. Tu en viens à te demander s’il n’est pas responsable, en partie et peut-être involontairement, de toutes ces rumeurs. Sans doute pas. Ce n’est qu’un gamin de la Ville après tout.
☽ Tu as une idée d'où ces rumeurs peuvent venir ? Je pensais demander à Marika d'enquêter pour nous.
L'idée ne te plait pas tant que ça.
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