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EXPÉDITION 1
EXPÉDITION
Le climat était encore propice aux expéditions, et si le travail de mercenaire faisait que tu ne t'ennuyais jamais, ta patience était tirée et écrasée et mâchouillée comme un os qu'on lance à un chien errant. Cette fatigue nouvelle avait été ton principal argument pour convaincre Nosférante de te confier une exploration, ce qu'elle avait accepté à contre-coeur. Au final, après de longues minutes de tergiversions, peut-être des heures, tu étais parti seul.
Tu transgressais les lois, tu étais l'exception qui confirmait la règle, tu étais【???】et peut-être que c'était mieux comme ça, finalement. Tu es armé jusqu'aux dents et préparé à toutes les éventualités et tu sors des limites de la Ville. Il n'y a pas de cérémonie, seulement une discrétion presque triste, humble.
Cela dit, tu te sentais soulagé de n'avoir aucun gamin à traîner derrière toi pendant cette expédition en particulier. La dernière avait été un véritable bain de sang, et t'avait laissé avec un gouffre invisible dans la poitrine, séparant ton cœur en deux, le laissant en morceaux. Tu étais incapable de protéger qui que ce soit.
Tu continues ta route, de longues minutes durant. Des heures, peut-être. Sûrement.
Tu marches longtemps, tu cartographies régulièrement.
Le silence t'oppresse.
Le silence se brise.
Tu t'arrêtes brusquement en entendant le clapotement de l'eau; tu sens ton estomac se serrer et se tordre. Ce n'est pas bon, ça. Tu pouvais encore marcher quelques mètres la dernière fois que tu étais parti, lors de ta dernière mission. L'eau monte.
* Et merde, tu te retrouves à pester en essayant de t'approcher un peu plus, juste un peu plus.
Tes bottes glissent contre les rochers et tu finis les pieds dans l'eau. La panique s'installe mais tu as été formé pour ça, et puis, tu en as vu d'autres, n'est-ce pas ? Tu en as vu d'autres. Tu es 【???】. Tu es plus solide que ça, malgré la peur de l'eau, malgré ce qui pourrait se trouver en dessus.
Re: EXPÉDITION 1
* Tu devrais rentrer chez toi.
La voix familière t'apparait fatiguée.
Re: EXPÉDITION 1
EXPÉDITION
Une voix familière résonne dans la caverne alors qu'une vague secoue l'eau et le picotement blanc de peur qui se presse contre ton crâne ne dure que quelques secondes. Tu tournes la tête vers la source de la voix, observe la silhouette drapée d'ombres, croise les bras.
* Qu'est-ce que tu me veux ? Tu aboies, sur la défensive.
Tu ne comprends pas ta propre méfiance, tu ne comprends pas ton animosité. Vous avez toujours été en bons termes, c'est un ami de ta famille, presque un oncle pour toi. Une ombre rassurante au coin du tableau, une présence familière, un sourire qui a toujours été là. Tu regrettes ton animosité.
Re: EXPÉDITION 1
* Je ne veux simplement pas que tu te blesses.
Il approche d'un pas.
Re: EXPÉDITION 1
EXPÉDITION
La voix te répond - dans la caverne, ses mots sont gonflés d'écho, ballottés par l'eau. Tu la comprends sans mal, tu comprends toujours tout. Tu l'as toujours compris. Sa réponse ne te plaît pas, t'arrache un grondement. Tu observes l'étendue d'eau comme si elle était ton ennemie.
* Tu étais au courant pour tout ça ?
Le clapotis de l'eau est assourdissant. Tu vois un mouvement à la périphérie de ta vision, tu sursautes, tu observes. Tu tournes la tête vers lui, perturbé.
* Tu as vu ?, tu lui demandes, méfiant.
Re: EXPÉDITION 1
* Tu devrais rentrer, maintenant. Il n'y a rien pour toi plus loin pour l'instant, et tes explorations en solo me donnent de l'urticaire.
As-tu seulement conscience du danger ?
Re: EXPÉDITION 1
EXPÉDITION
Ce mouvement, tu te fais la réflexion, c'était un adolescent. Un jeune adulte, peut-être, tu n'as pas pu bien voir, et pendant un instant tu te demandes si tu vois des fantômes.
Tu l'observes, une lueur dans le regard, tu ravales tout ce que tu voulais lui dire. Il a raison, tu devrais rentrer. Ou en tous cas, te rapprocher de la ville. Te rapprocher de ce que tu connais. Tu es parti des heures, tu es parti loin. Tu l'observes avec des regrets dans le regard.
Tu n'as pas envie de le quitter - tu as envie qu'il te ramène chez toi, chez toi, pour de vrai, là où tu es le mieux. Tu as envie qu'il te ramène à une époque plus simple.
* ... Je vais y aller, tu finis par marmonner, amer.
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