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J'ai entendu une rumeur
Une rumeur
J'ai couru comme un dingue pour arriver ici alors que je déteste ce coin. Cette petite frange de terre où s'entassent des pseudo-tentes et une armée de tarés prêts à tout pour monter vivre dans les Bains, ou se jeter dans le vide. Ils me filent des boutons, mais c'est pas pour leur gueule que je suis ici.
C'est pour lui. Un type bien habillé et propre sur lui, qui a rien à faire en Ville et qui se traîne quelques ragots pas reluisants au cul.
Avant j'avais toujours un gosse qui me disait bonsoir quand je commençais mon service. Un mioche maigre comme un clou, mais adorable, qui attendait à la fenêtre de son taudis que je vienne éteindre la lanterne juste à côté. Fallait grimper le long du mur et c'était chiant parce qu'il y avait de l'humidité et un genre d'algue dégueu qui rendait ça super glissant. Je pouvais le faire depuis un autre point d'accès, avec ma perche. Sauf que le môme voulait absolument me faire un "tope-la" avant d'aller au pieu. Alors je grimpais quand même, je le laissais me faire un high five et j'éteignais la lanterne.
Puis un jour, il a chopé une vilaine crève. Je l'ai entendu tousser pendant des semaines et rien de ce que lui donnait sa mère n'arrivait à le soigner. Elle est allée supplier un médecin. Ce médecin. Je saurais jamais ce qu'il lui a refilé, mais le môme a souffert avant de mourir.
J'avais la haine qu'un pauvre mioche crève comme ça, mais on y peut rien. C'est comme ça tous les jours en Ville. Et puis j'ai commencé à entendre des histoires : des gens qui font appelle à un médecin des Bains et qui parfois reçoivent de l'aide. Un gars bizarre qui donnent des remèdes bizarres. Y a pas mal d'histoires tragiques dans son sillage.
Alors moi, j'ai pas mis longtemps à faire deux plus deux. Si les enfoirés des Bains veulent nous tuer à la chaufferie, c'est un deal qui existe depuis trop longtemps pour qu'on y fasse quelque chose. Mais s'ils se mettent à nous empoisonner pour s'amuser, là ça va me gonfler.
Du coup, ce soir, quand j'ai entendu que le médecin était passé et qu'il retournait dans son nid à lumière, j'ai pas réfléchis. J'ai couru.
Et maintenant il est là, juste devant moi.
Je lui chope l'épaule et le tire en arrière pour qu'il se retourne avec un "hey connard !" qui devrait lui faire hérisser ses beaux cheveux brillants.
— Alors, t'as bien bossé aujourd'hui ? Qui est-ce que t'as buté cette fois ? Une gamine ? Un vieux croulant ? Ça t'éclate de donner du poison à des pauv'gens qui essayent de rester en vie un jour de plus ?
J'ai la haine. Je suis même pas sûr de savoir pourquoi, mais je vais la défouler sur lui.
Re: J'ai entendu une rumeur
Une rumeur
@RE-7 | Artère principale | 01.10
Parfois, tu quittes les bains. Parfois, plusieurs jours de suite. Parfois, pas du tout pendant plusieurs semaines. Et aujourd’hui, tu es descendu. Aujourd’hui, tu es passé voir d’anciens patients. Certains qui n’avaient qu’une toux. Certains qu’il a fallu amputer. Certains qui se sont remis. D’autres qui sont morts. Mais surtout, tu es allé voir Nysis. Le coeur serré de devoir le quitter, de devoir le laisser là. Tu n’as pas le choix. C’est comme ça. Les Bains t’attendent. Les Bains sont ta maison. Les Bains n’ont probablement même pas remarqué ton absence.
Tu sais que l’on te regarde. Tu sais que tu ne passes pas inaperçu. Pas avec tes vêtements parfaitement propres et sans trous. Pas avec tes cheveux parfaitement brossés et soyeux. Tu sais que l’on te regarde. Tu sens peser sur toi les yeux de beaucoup. Et d’habitude, ça va. D’habitude, ça te ne dérange pas. D’habitude, tu rends les sourires. Tu rends les petits signes de tête. Les signes de main. Ce genre de symboles qui leur fait croire qu’un jour, tu viendras les chercher. Comme si tu en avais le pouvoir. Comme si tu en avais l’envie. Peu importe. Tu veux juste rentrer chez toi. Tu veux juste rentrer te reposer. Tu veux rentrer pleurer Kat. Le pleurer sans verser aucune larme.
Mais non. Rien ne se passe jamais comme prévu ici. On t’attrape l’épaule. On te tire. On t’insulte. Tu te retournes, inspectes cet homme d’un regard ni jugeant, ni réprobateur, juste peut-être fatigué. Il parle. Il parle. Et parle. Et tu ne sais pas ce qu’il baragouine. Tu ne comprends pas ce qu’il te veut.
Au contraire. Tu sais. Tu sais parfaitement.
Tu pares tes lèvres d’un sourire. De ces sourires dont on a le don aux Bains. Ces sourires qui ne sont pas sincères mais qui duperaient n’importe qui.
« Excuse-moi ? C’est à moi que tu parles ? » Tu demandes, sans animosité dans la voix. « Je ne comprends pas vraiment ce que tu racontes. Tu m’accuses de … quoi au juste ? »
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Il me sourit et ça me crispe comme pas possible. Est-ce qu'il se fout de ma gueule là ?
En plus il fait genre de pas comprendre, il fait genre d'être innocent !
─ Sérieux, connard ? Tu veux jouer à ça ? Hein ?
Je sens la hargne qui me monte dans la gorge comme si j'allais la gerber, elle m'infecte comme un parasite et court-circuite mes pensées. Je veux juste qu'il disparaisse pour plus jamais remettre les pieds en Ville, qu'il s'enfile une de ses potions et qu'il crève comme le pauvre petit môme a crevé. Je veux qu'il rende les gens qu'il a buté avec ses petits jeux de psychopathe et qu'il aille se jeter dans une crevasse pour plus jamais faire de mal à qui que ce soit.
Il m'énerve plus que ça devrait.
Je lui tourne autour comme un chien prêt à mordre, et dès que je me trouve entre lui et les Bains, je le pousse. À deux mains, une petite impulsion brutale pour qu'il recule vers la Ville.
─ Tu descends ici comme si t'étais chez toi, tu profites que les gens aient pas d'autres solutions que de se tourner vers "le bon docteur qui donne si gentiment son aide aux pauvres" et tu leur refile de la merde. Du poison. Tu fais crever des gosses parce que tu t'emmerdes tellement dans ta tour avec tes p'tits potes que t'as rien trouvé de mieux qu'de torturer les autres.
Les prières et les tisanes de racine, c'est pas le top de l'efficacité, on est d'accord. Mais si quelqu'un doit clamser à cause de la fièvre, on sait au moins que c'est la faute à pas de chance. Pas besoin d'un enfoiré qui a déjà tout ce qu'on peut désirer pour venir ajouter des cadavres à la pile.
─ Et si t'essayais tes prop'e potions, hein ? Ça donnerait quoi ? Rends-nous service et vas claquer dans une ruelle avec tes remèdes en chiure de rocdentia. À moins que t'ai un moyen de faire revenir tous les pélots qui ont fait la connerie de penser qu'un mec comme toi pouvait vraiment les aider ?
Re: J'ai entendu une rumeur
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@RE-7 | Artère principale | 01.10
Il te pousse. Il t’insulte. Et toi tu ne répliques rien. Tu n’as pas que ça à faire. Ce n’est pourtant pas l’envie qui t’en manque. L’envie de te défouler. Le besoin de passer ta frustration sur quelque chose. Sur quelqu’un. Tu es plus intelligent que lui. Surtout, tu es fatigué. Alors tu souris. Tu souris comme un idiot. Tu souris comme un innocent. Comme quelqu’un qui ne comprend pas.
« Est-ce que tu me reproches de faire mon travail ? » Tu croises les bras, soupires. « Je ne sais pas pour qui tu me prends mais tu fais fausse route. Je ne torture personne. Je ne tue pas d’enfants. Et je ne produis pas non plus de poison. Tu es, visiblement, aussi bien placé que moi pour savoir comment la médecine fonctionne. Il est très clair que tu es toi-même docteur. Non ? »
Tu sais que non. Tu sais qu’il n’y connait sans doute rien. Tu sais qu’il n’a aucune idée d’à quel point le corps est complexe. D’à quel point les médicaments et autres onguents sont compliqués à créer. Et que ça ne t’amuse pas de voir autrui souffrir. Il ne sait pas que tu restes éveillé toute la nuit pour trouver des remèdes. Pour trouver des solutions. Et peut-être que non, tes intentions ne sont pas louables. Peut-être que oui, tu ne fais ça que par égoïsme. Juste pour la science. Juste pour comprendre. Il n’en reste pas moins que l’évolution sur ce sujet est plus que nécessaire.
« Tu es bien aigri pour un garçon de ton âge. » Tu fais remarquer d’un ton léger. « Mais qui te dit que je n’essaie pas mes remèdes ? Hm ? Et est-ce que tu as parlé à toutes ces personnes qui sont vivantes grâce à moi ? Parce qu’il y en a. Il y en a plus que tu ne le crois j’ai l’impression. Et je ne te dis pas ça pour me jeter des fleurs. Ouvre les yeux mon grand. Fais tes recherches avant de m’accuser de pareilles bêtises. » Ton regard calme dans le sien, brûlant de haine. « Je ne peux pas le nier. Oui, j’ai perdu des patients. Mais je n’ai tué personne. Ils sont morts parce qu'on n'a pas la capacité de les soigner. Pas parce que je les ai empoisonnés ou je ne sais quelle connerie que tu as inventé. »
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Raah ! Ce sourire à la con !
Et en plus il se fout de moi dans le plus grand des calmes !
Si ça c'est pas la gueule d'un assassin qui sait qu'il peut commettre des crimes sans être inquiété, je sais pas ce que c'est.
— "Perdu des patients", je crache. C'est comme ça que tu te berces, quand c'est trop compliqué de te regarder dans la glace ? Tu te dis que c'est normal pour un médecin de "perdre des patients" ? La lumière t'as cramé la cervelle, mon vieux. Tu donnes des tambouilles inconnues à des gens qui ont déjà pas la force de se battre contre la maladie et ensuite tu te planques derrière ton excuse foireuse.
Je feule, je gronde, je fais tout ce que je peux pour pas juste perdre le contrôle et lui tabasser sa belle petite gueule à mort. Nan, je suis pas médecin, mais je sais très bien comment placer un coup de pied dans un visage pour faire craquer une nuque. Sauf que ça m'attirerait des emmerdes plus grosses que moi. Lui faire sauter quelques dents suffirait à me faire me sentir mieux.
Ma main part pour lui attraper le col et le tirer vers moi.
— T'as buté des gosses, enfoiré. Et c'est pas parce que t'appelle ça autrement que ça change les choses. Si tu sais pas soigner, t'es pas médecin. Juste un connard qui tente sa chance chaque fois qu'il peut et qui retourne se planquer là-haut pour éviter les familles qui chialent. Mais devine quoi ? Elles aussi, elles sont plus nombreuses que tu crois. Et après avoir bien chialé, elles ont une putain de haine, je peux te dire.
Je le repousse d'un coup, pour qu'il recule encore vers la Ville. J'ai pas envie qu'il retourne se mettre bien à l'abri, je veux qu'il soit coincé avec nous encore un peu. Parce que le truc que les Élèves veulent surtout pas, qu'ils soient nés dans les Bains ou qu'on les y ait hissés, c'est de passer trop de temps dans ce labyrinthe de misère et crasse qu'on appelle une Ville. Tout plutôt que la pauvreté, l'insécurité et le noir.
— Et si on allait leur faire un petit bonjour, hein ? Histoire que tu fasses une dernière visite de contrôle. Ch'uis sûr que certains seraient ravis de t'entendre leur redire ce que tu viens de me sortir. Ça leur mettrait du baume au cœur, tu vois ?
Un sourire mauvais me tire la bouche de côté rien qu'à l'imaginer. J'ai vu le ressentiment, la colère du deuil, le besoin de trouver un coupable et de réclamer réparation. Même si personne ose lever une main sur lui, ça ferait sans doute beaucoup de bien de pouvoir le pourrir à l'oral.
Re: J'ai entendu une rumeur
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@RE-7 | Artère principale | 01.10
Bon. Plus ça va et plus il raconte n’importe quoi ce gamin. Myosotis, tu es patient. Tu es très patient. Mais là, tu commences progressivement à en avoir ras la casquette.
« Tu étais marrant cinq minutes mais maintenant il s’agirait d’activer les deux neurones qui se battent en duel dans ta caboche. Est-ce que c’est normal de perdre des patients pour un médecin ? Tu te fous de ma gueule ? Tu n’as pas idée d’à quel point j’aimerais que ce ne soit pas le cas mais, et accroche toi bien à ton froc parce que t’es pas prêt pour ce que je vais t’apprendre, je ne suis pas un putain de magicien. Choquant, je sais.»
Et puis il t’attrape par le col. Il te tire à lui. Il continue de cracher son venin. Et tu ne peux t’empêcher de pouffer de rire. Tu ne peux t’empêcher de te moquer un peu. Parce que, franchement, il ne fait aucun effort.
« Tu ne sais même pas de quoi tu parles. Je suis médecin. Pour autant, je ne peux pas soigner tout le monde. Parce que je ne sais pas toujours comment, je ne connais pas toutes les maladies du monde, ni tous les remèdes. Je n’ai pas la science infuse. Il y a énormément de choses qu’on ne comprend pas sur le corps humain. Maintenant si tu es trop bête pour comprendre ça, je ne peux rien pour toi. Et surtout, je n’ai rien à te prouver. Je ne te dois absolument rien. Si tu es sceptique, grand bien t’en fasse. »
Il te cherche. Il continue. Il ne fait que ça. Tes sourcils se froncent. Et ton regard s’assombrit. Ton sourire se fane. Tu ne joues plus. Tu es fatigué. Tu en as marre. Il te barre la route comme si ça allait t’empêcher de rentrer chez toi. Il te barre la route comme si tu n’allais pas juste le contourner, au pire le bousculer, pour pouvoir passer.
« Tu sais, tu as de la chance de t’en prendre à moi. Si c’était n’importe quel autre Élevés… Oh, je pense que tu ne serais déjà plus là pour baragouiner tes âneries. » Tu le dépasses. « Déjà que je ne dis rien, ni pour ton manque flagrant de respect, ni pour les agressions, ne va pas rajouter les menaces à la liste. Enfin. Je dis ça pour toi. Moi je m’en fous bien de savoir ce qu’il peut t’arriver. »
Tu ponctues ta phrase d’une tape sur l’épaule. Le genre qui hurle “allez, c’était sympa mais maintenant il va falloir penser à aller se faire foutre.”
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Ah, il aime un peu trop me rappeler à quel point je suis stupide.
Moi je m'en fous, je sais très bien que j'ai pas l'éducation de ces messieurs-dames des Bains et ça me chagrine pas plus que ça parce que je suis assez malin pour survivre dans mon trou malgré tout. Lui, par contre, ça a l'air de compter d'être "plus intelligent". Est-ce qu'on lui a dit qu'il était con comme un balai, quand il était enfant ? Ou peut-être qu'il a trop traîné avec des gens vachement plus futés et que face à moi, il se sent moins neuneu ? Ça serait assez marrant.
Mes oreilles filtrent et j'entends pas un mot sur deux quand il parle, parce qu'au fond je me fiche bien de son baratin. Mon opinion est faite, beaucoup la partage et j'ai juste envie de me défouler, pas d'être raisonnable. Surtout pas avec un Élevé.
Il parle, il parle, il insulte avec ce petit air supérieur qu'il a l'air de croire très impressionnant, mais ce qui retient mon attention, c'est qu'il abandonne enfin son sourire débile. C'est déjà une victoire pour moi.
Je lui fais perdre son temps.
Je lui fais perdre sa patience.
Un frisson de satisfaction vient alimenter ma machine à emmerdes et on peut déjà dire que j'ai pas perdu ma journée.
On embraye sur une petite menace typique qui ne me fait ni chaud ni froid. Je le toise alors qu'il me dépasse. Ouh ! Je tremble, il me fait une liste de mes crimes. Je suis dans une sacrée merde, hein ?
S'il savait...
Sa main quitte à peine mon épaule que tout mon corps pivote, vif et tellement habitué au mouvement que j'ai même pas besoin de réfléchir. Les hanches, les épaules, le bras. Le coup part vite et mes phalanges s'écrasent dans le coin de sa mâchoire en un clin d'œil avant de revenir en position défensive, par réflexe.
OH BORDEL C'EST BON ÇA !
Y a des jours où on a besoin d'un bon coup de rein pour se détendre, et d'autre où y a qu'un bon coup de poing qui puisse faire le taf. Je vous laisse deviner quel jour on est.
L'impact a été brutal, certainement assez inattendu et surtout pas du tout esquivé. S'il s'est pas ouvert l'intérieur de la joue sur ses propres dents, c'est un sacré petit veinard. Aller beau gosse, remets-toi et vient essayer de m'en coller une, toi et tes petits bras fragiles !
Sauf que.
Vous savez ce qui grouille dans les Premiers Pas, mange des restes et a une hygiène douteuse ? Les Prétendants (parce que les rocdentia sont étrangement propres, eux). Et ils sont attirés par les Élevés comme des phalènes par une lanterne. Rien de notre petit échange de courtoisie n'a dont échappé à ces cinglés et si aucun d'entre eux n'a encore moufté, c'était pour mieux attendre le top départ que je viens d'éclater contre le visage de mon adversaire.
J'ai pas le temps de balancer une provocation qu'il y a déjà deux pouilleux entre moi et l'adversaire. L'un des deux tentes même de m'envoyer un coup, mais je fais un bond en arrière pour éviter de me lancer dans une baston à 3 contre 1. Pas encore complètement fou, le luminsecte.
— Écartez-vous, les enfoirés. Ça vous regarde pas ! j'aboie.
— Tire-toi.
Le type me regarde droit dans les yeux et même s'il a sans doute pas mangé grand-chose depuis des semaines, il fait presque une tête de plus que moi et y a tous ses petits copains tout autour. Aucun n'a encore osé bouger en dehors de son binôme, mais j'imagine qu'avec un peu de courage, ils pourraient vouloir tenter leur chance. Après tout, quoi de mieux pour se faire bien voir que de sauver un Élevé d'une bonne patate dans la figure ?
Je gronde.
Ils gâchent mon plaisir, ça devenait amusant !
Mais l'heure tourne et il me faut mes deux jambes pour faire mon travail. Du coup, je recule d'un pas et je baisse un peu ma garde. On se regarde comme deux putains d'animaux, sans oser se tourner le dos. Il montera jamais dans les Bains celui-là, il a l'air trop sauvage.
— Tss. Chanceux jusqu'au bout, hein ? je lance à mon adversaire, qui se trouve maintenant hors de ma portée. Fais gaffe que ça t'abandonne pas pendant ta prochaine sortie. "Je dis ça pour toi".
Le molosse fait un pas vers moi avec son poing levé et je bats en retraite en voyant du coin de l'œil que ça s'agite autour de nous. Bordel ce que j'aime pas cet endroit !
Re: J'ai entendu une rumeur
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@RE-7 | Artère principale | 01.10
Ta mâchoire qui se déforme sous son poing. Et le goût du fer sur la langue. Tu aurais dû t’en douter. Tu aurais dû savoir que ça se terminerait ainsi. Parce qu’après tout, tout se termine toujours dans la violence. Animosité ou non. Pourtant, tu n’as rien vu venir. Il était déjà véhément, bien sûr. À te pousser, à t’insulter, à te menacer, à t’accuser. Mais de là à te frapper… Ah tu t’es vraiment relâché mon vieux.
Tu n’as jamais été du genre bagarreur mais tu savais au moins esquiver un peu quand tu vivais encore en Ville. Là, tu n’as même pas bougé. Et quand d’autres arrivent pour vous séparer, pour le chasser, tu ne bouges toujours pas. Peut-être sonné, peut-être surpris, peut-être intrigué. Tu le sais, tu n’es pas vraiment dans le cœur de tous. Ni toi ni le reste des Élevés. Cependant, en règle générale, ils ne sont pas assez stupides pour s’en prendre physiquement à vous.
Tu hausses un sourcil quand il t’insulte - est-ce vraiment une insulte ? - de chanceux. Sincèrement, tu te demandes à quoi il s’attendait. Un gars de la Ville qui agresse un gars des Bains aux Premiers Pas. Évidemment que les Prétendants allaient s’en mêler. Et évidemment qu’ils allaient prendre ta défense plutôt que la sienne. Un œil sur la petite foule qui commence à s’attrouper lentement mais sûrement. Puis un soupir long, las et fatigué. Il déguerpit. Toi aussi.
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